De retour en Casamance

Bonne année à tous !

Après un noël sans grand intérêt à Saint Louis, un passage rapide à Dakar, une traversée express de la Gambie (seulement 20km mais deux amendes !), nous voilà de retour en Casamance !

Quel plaisir de retrouver notre voilier, Niomoune, les villageois, les potes en voilier… A peine débarqués, on se sent à nouveau comme chez nous.

Nous sommes arrivés en pirogue de Ziguinchor la veille le 30 décembre, chargés comme des mulets sous un soleil de plomb, « bonne arrivée ! » ! Retour à Niomoune mémorable, 6 mois que je n’ai pas mis les pieds sur notre bateau et bien je n’avais pas le droit de monter à bord, cause de fétiche !

Petit retour en arrière : en juin dernier, alors que j’avais déjà pris l’avion pour la France, Yann est repassé seul à Niomoune avant de se rendre au Cap Vert. Pour s’assurer une bonne protection d’Evaloa, un fétiche a été installé à bord pour empêcher toutes personnes étrangères de rentrer dans le bateau. Yann, Alfred et Adrien (qui ont gardé notre bateau en notre absence) été présents lors de la cérémonie, ils étaient donc les seuls autorisés à entrer à bord, toutes autres personnes entrant dans le bateau auraient les yeux brulés ! Et j’en faisais parti. Niomoune est un village animiste ordonné par ce genre de croyance, personne n’a visité le bateau en notre absence. Pour ne pas bousculer la tradition, j’ai gentiment attendu sur la plage que le féticheur revienne au bateau, enlève le gri gri et tout est rentré dans l’ordre. Alfred et Yann sont ensuite revenus à terre, nous avons bu le traditionnel bounouk (vin de palme) pour fêter notre arrivée – Steph et Blandine du voilier La Belle verte payaient leur bounouk pour remercier les villageois de les avoir aidé pour caréner, nous tombions bien !

 

Pendant que j’attends à la plage (en bas à gauche), Alfred et Yann sont allés défétiché le bateau avec le féticheur – en haut à droite Evaloa est tout au fond – en bas à droite vu du campement Ebobaye

Nous avons retrouvé Evaloa en parfait état, il a été magnifiquement bichonné par nos anges gardiens, Alfred est venu tous les jours pour aérer le bateau, faire un peu de ménage, nous n’avons retrouvé que de très rares traces d’humidité, après avoir passé tout l’hivernage au mouillage, super ! Il nous a fallu tout de même quelques jours pour ranger toutes nos affaires, laver placards, bannettes…

Le retour du bateau-cinéma

 

Nous avons toujours autant de problème avec la motorisation : aucun moteur ne fonctionnait, il a fallu tout décrasser ! Le groupe électrogène pour le cinéma ne démarrait plus, Yann et d’autres amis y ont passé une bonne journée, juste à temps pour organiser notre 1ère projection de l’année 2010 ! Pour remercier Alfred et Adrien d’avoir gardé notre bateau, nous avons fait la séance juste devant leur campement (petite baraque de paille où l’on peut boire un coup, davantage fréquentée par les gens du village que par les touristes), au bord de l’eau, en face d’Evaloa, on ne pouvait rêver mieux ! Il devenait urgent de refaire du cinéma, à chaque fois que l’on descendait à terre, tout le monde nous demandait : « cinéma ce soir ? ».

 

Première projection dans les rizières, au bord de l’eau

Cette 1ère nous servait d’essai du matériel, nous l’avons organisé mardi dernier, et bien même en pleine semaine, la rentrée faite, beaucoup de monde s’est déplacé jusqu’au campement Ebobaye. Retour réussi, aucun problème technique, un public attentif et rigolard, heureux de retrouver des films africains, des films qui leur parlent.

Cette année est une année exceptionnelle pour le village de Niomoune : c’est l’année de la circoncision, 25 ans que ça n’est pas arrivé, quel évènement. Tout le village est mobilisé, l’initiation aura lieu en juin (les hommes vont passés plusieurs semaines dans le bois sacré pendant que ce sera la fête au village en attendant leur retour), beaucoup de personnes originaires de Niomoune vont revenir pour l’occasion, plusieurs concessions construisent de nouvelles maisons cette année pour loger les visiteurs, il faut faire une bonne récolte de riz, se restreindre en eau douce jusqu’au prochain hivernage… Et pour les futurs initiés, il faut se préparer ! Les anciens ont décidé d’annuler toutes les soirées des jeunes jusqu’à la circoncision, interdit de danser en dehors des danses d’initiation ! C’est nous qui sommes déçus, nous aimions tant nous rendre à la soirée des jeunes le samedi soir… Tous les futurs initiés doivent porter le pagne, habit traditionnel, certains trichent en portant short, pantacourt ou même jogging sous le pagne, tradition et modernité sont ici directement mêlés.

Repas de fête avec Anouck, Alfred, Yann, Desh, Stéphane, Blandine et Adrien

 

Evaloa au clair de lune

C’est dans ce contexte que nous avons passé le 1er de l’an, pas de fête organisée ! Nous avons mangé un bon repas chez Desh et Anouck (préparée par notre amie Anjou) après avoir pris l’apéro au campement Ebovaye. Yann a pris l’accordéon et Stéphane la guitare, on a fini par tous chanter (et même danser…) dans la maison, beaucoup de monde est arrivé, c’est comme cela qu’on a imporvisé notre propre soirée. Tout le monde a passé un très bon moment, nous nous souviendrons de cet original Saint Sylvestre !

La seule activité autorisée à ce jour est le cinéma, on a eu chaud ! Au quartier d’Ouback, notre fief, la télé a été réparée et les jeunes organisent des soirées vidéo assez souvent. Nous furent bien déçus de voir qu’aucune évolution ne fut remarquée sur la programmation : ils ne regardent que des films de guerre, de Kung-Fu, Jackie Chan, Bruce Lee et compagnie. Ils disent apprécier les films que l’on diffuse mais ils n’ont pas encore eu l’initiative de le faire eux même et de changer la tendance. Comme me disent certains, « le changement, ça prend du temps » ; c’est une analyse positive de la chose car cela veut dire que changement il y aura… Nous avions laissé des films pour la bibliothèque car c’est là-bas que des projections devaient être organisées grâce au panneau solaire du dispensaire juste à côté mais ils ont eu des problèmes de lecteur DVD… Donc pas de projections à but culturel, seuls des films de pur divertissement ont été diffusés, sachant que ce genre de films devraient être déconseillé aux enfants pour leur excès de violence, et pourtant ce sont les enfants qui sont les plus nombreux aux séances.

Bref, nous allons reprendre contact avec les profs, les jeunes motivés de passer autres choses et tenter de trouver des relais. Nous organisons une nouvelle projection ce week-end au village, qui risque de ramener la foule maintenant que les soirées sont annulées au village.

Nous restons pour le moment à Niomoune, le temps de retaper Evaloa : réfection du moteur, carénage… Le bateau-cinéma va donc rester sédentariser un petit moment ! Nous organisons début mars, en partenariat avec l’alliance franco-sénégalaise, une semaine de cinéma africain à Ziguinchor, nous espérons qu’à cette date le moteur hydraulique du voilier sera réparé.

Même si nous allons profiter du soleil et des paysages de Casamance, des villageois et de leurs cérémonies niomounoises, mais aussi des potes en voilier (La belle verte traverse mi-janvier comme la plupart des voiliers qui sont en Casamance), nous ne devrions pas chômer !

A bientôt, en vous souhaitant un agréable début d’année,

Pauline et Yann

 

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Une réponse à De retour en Casamance

  1. Bonjour

    je suis journaliste à la rédaction de Thalassa, le magazine de la mer de France 3. Je prépare un reportage en Casamance. Etes vous là bas en ce moment?
    J’aimerais discuter de cette région et de vos rencontres avec vous.
    merci d’avance de votre réponse.
    Anne-Corinne Moraine
    T: 06 09 77 67 80

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