La sédentarité, le temps d’un été.

Nouveau paysage en se levant le matin !

Bonjour à tous,

Vous êtes sûrement bien occupés par les trépidations de l’été, la cession collé devant un ordinateur n’est certainement pas au programme… Alors je me suis dis, c’est le moment de vous écrire !! Et oui, y’a rien à faire, passé un mois sans écrire sur ce blog, ça me titille, faut que je m’y remette ! Et puis pour nous, la chaleur du moment donne plutôt envie de rester à l’intérieur, alors pourquoi pas devant un ordi ! Je crois que la vraie raison vient aussi du fait que notre sédentarité du moment nous amène à la réflexion et que j’avais envie de la poser par écrit.

Incroyable il est vrai, je vous écris depuis un grand salon, une gigantesque terrasse ou une chambre confortable ! Qui plus est avec une vue magnifique, la maison donne sur la mer, à la fois vue de la porte d’entrée et vue de la terrasse de l’autre côté, on est cerné, et pas mécontent ! Jusqu’à fin août on habite dans une maison à Tartane, au nord de l’île, tout près de la presqu’île de la Caravelle, un coin magnifique ! Maison spacieuse, 3 chambres, lave linge, lave vaisselle… La totale (certains diront qu’à ce stade il ne manque plus que la piscine mais la mer est à 5 minutes à pied !). Cette pause du bateau tombe à pic, c’est la première année qu’on ne rentrera pas l’été en Bretagne, alors la compensation, c’est la maison ! On souffre moins de la chaleur, on profite du confort (l’acclimatation se fait très rapidement dans ce sens là). Ah une machine à laver à portée de main, je ne suis plus obligée de partir avec un sac à dos de 10 kilos de linge sale en annexe puis à travers la ville, chouette ! Ça peut vous paraître rien à vous, d’ouvrir un robinet et d’avoir de l’eau douce en abondance, mais pour nous, c’est le grand luxe !! A notre arrivée, Noanne et Titouan voulaient prendre une douche 5 fois par jour ! Je ne peux pas m’empêcher de vous mettre quelques photos de notre superbe vue, et vous comprendrez que comme retour au confort, on a fait fort !

Sans être la maison tellement nickelle que tu n’oses plus rien toucher, nous habitons dans un cadre magnifique, avec une grande maison bien aérée, on a eu beaucoup de chance. On peut remercier nos potes Katell et Julien pour ce bon plan, ce sont des amis à eux qui partaient en Métropole pour l’été et qui cherchaient des gens pour faire garder le chien et les deux chats. Ayant 3 enfants, y’a des jeux partout, les enfants sont les rois ! Un énorme manguier orne l’entrée de la maison, il donne à foison, on se régale ! On découvre également des fruits plus rares comme la carambole et le corossol, y’a également un bananier et cocotier dans le jardin, y’a plus qu’à se servir !

carambole, corossol, mangues et bananes

Cette pause sédentaire nous permet également de bosser, difficile de se dire qu’en plus de s’offrir le luxe d’une maison, on gagne de l’argent, et bien si ! Yann travaille sur Goélane, le voilier de Ju et Katell qui a besoin de pas mal de soudures pour reprendre la mer en novembre. Et moi, j’écris en ce moment le projet de mon futur film sur le voyage, dans l’espoir d’obtenir une aide au développement. Le but est de trouver un peu de financement pour que je puisse à mon retour finaliser le scénario, et travailler avec des gens. Ne pas faire mon film toute seule, c’est l’objectif ! On parle également, encore et toujours, de ce qui nous anime : Ciné SearCus.

Projection au Marin

On est dans un tournant du voyage, c’est l’impression qu’on en a en tout cas. Notre arrivée aux Antilles nous donne des impressions mitigées, c’est beau, paradisiaque même, mais est-ce que c’est ce que l’on cherche ? Et en même temps, on n’est pas mécontent de retrouver la France, ses repères, le confort (bon surtout en ce moment) même si c’est moins exotique comme voyage. Après nos pérégrinations entre la Guadeloupe et ici depuis notre traversée de l’Atlantique, on est bien heureux de se poser, on ressent à peine l’envie de visiter, on est bien où on est ! On se rend également compte qu’on se sent parfois plus proche du retour que dans le voyage en lui-même. Vous nous direz « mais c’est que dans un an, ça fait tôt pour se projeter », alors que non, ça va venir vite. Disons qu’on a envie de bien le préparer ce retour, qui fait tant peur aux gens partis sur les mers depuis longtemps. Nous on souhaite que ce retour soit heureux et pas contraint, alors on travaille pour !

Flamboyants et marina du Marin en arrière plan

Le projet pour nous est de rentrer l’été prochain, avec Dominao, donc il faudra se mettre sur le départ dès le mois de mai pour pouvoir arriver en Bretagne pour l’été (en passant par les Açores, ce qui fait environ deux fois 20 jours de navigation). Les enfants et moi ne feront pas le retour en bateau, on rentrera en avion, et Yann affrontera la mer seul ou avec un équipier de confiance. Yann ne veut pas se dire marin pourtant il a cette envie depuis longtemps de naviguer seul sur son bateau (si c’est pas une envie de marin ça!!) et il a pour l’instant prévu de faire la transat retour en solo…

Ensuite, on se voit bien continuer un peu avec Ciné SearCus, parce qu’on aime ça et aussi parce qu’on se dit que Ciné SearCus n’a pas fini sa petite vie ! Selon nous, la réalisation du spectacle n’est pas encore achevées, alors quand elle le sera, il faudra bien le faire tourner. Ciné SearCus est un spectacle qui s’est crée pour et en voyage, mais qu’on espère bien faire vivre aussi après ! Et pour ça, on a encore du boulot. Il nous manque notamment une scène qu’on aimerait monter lors d’une future résidence (avec du chant, un peu de jonglage, une scène un peu plus développée que les autres, pour faire sortir notre jeu de scène). On voudrait aussi réaliser d’autres courts-métrages.

Pour revenir à nos choix futurs, en gros deux possibilités s’offraient à nous : soit on se fait la dernière année en mode voyage pour découvrir les îles (et continent !) aux alentours, soit on privilégie notre spectacle. Même si on est frustré en pensant à tout ce qu’on pensait faire et que l’on ne fera pas, on revient plutôt aux valeurs qui ont animées notre voyage : avoir un projet. Voyager pour voyager, ça nous a jamais fait rêver ! Jusqu’à maintenant on avait réussi à allier voyage et spectacle mais on n’a pas forcément mis en valeur Ciné SearCus : on a joué que quelques fois, sans le programmer trop à l’avance, donc c’est sympa, mais parfois on a envie de plus. En arrivant en Guadeloupe, on a vraiment senti la possibilité de jouer dans pas mal d’endroits et on s’est projeté dans la programmation d’une tournée, wouhaa ! Alors ce ne sera pas non plus comme une tournée d’un cirque par exemple, car on se voit pas caler des dates précises et galérer, se stresser pour pouvoir y être à temps. On va tenter de s’organiser au mieux, en minimisant la pression liée à la mobilité en voilier. En tout cas faire le choix d’une tournée aux Antilles en fin d’année, c’est dire au revoir à la possibilité d’aller en Colombie… Quel dure décision ! Pour moi c’était un des objectifs en venant jusque de l’autre côté de l’Atlantique, mais n’était-ce pas davantage une envie de voyage en sac à dos plutôt qu’en bateau ? On ne trouve qu’un port en Colombie, à Carthagène, assez cher, et après ce sont des mouillages et on ne sait pas s’ils sont bien abrités. Il faut aussi payer un visa, pour nous et pour le bateau, et ça, c’était l’autre gros souci qui a fait peser dans la balance. On arrive sur la fin de notre périple, et la caisse de bord va nous faire défaut ! On le savait, la troisième année de voyage était une année de rab, où la question financière allait se poser. Notre choix est beaucoup plus sûr financièrement, d’organiser une tournée-spectacle aux Antilles, plutôt que de voyager en Colombie/San Blas (Panama)… Ce sont des escales rêvées pour nous mais nous devons aussi être réaliste, on ne peut pas tout faire, surtout avec nos finances !

On verra après la Guadeloupe le temps qu’il nous reste pour découvrir les grandes Antilles, plus au nord, et pourquoi pas pousser jusqu’à Cuba… Mais on ne se fixe plus rien, on verra ! Cela amène déjà Yann à se projeter dans un nouveau voyage, où l’on irait là où l’on n’a pas pu aller, moi je ne me projette pas à si long terme, qu’aurai-je envie dans 10 ans ? Je n’en sais rien, parce que je ne veux pas le savoir !

3 bateaux jaunes au mouillage près du Marin, mais où est Dominao ?

L’autre chose sur laquelle on se penche, je vous en avais vaguement parlé, c’est d’organiser une collecte, sous forme de financement participatif, pour racheter du matos pour Ciné SearCus. On est bien motivé à se lancer, à la rentrée, alors forcément on compte sur vous (je dis ça mais évidemment on en voudra à personne de pas participer, on sait ce que c’est de pas avoir de sous, et c’est le principe de ce type de financement, c’est libre, on oblige personne) ! Pour ceux qui ne connaissent pas le terme financement participatif, peut-être ont-ils entendu son synonyme anglais « crowdfunding » ? L’idée est de faire un don via une plateforme par internet, et de recevoir une contrepartie non-financière. On aurait aimé faire ça direct sur notre site, pour éviter les intermédiaires, mai on n’a pas les compétences nécessaires ni le temps à y consacrer… Ce type de financement a le vent en poupe ces dernières années et s’inscrit dans un mouvement plus global : celui de la consommation collaborative et de la production communautaire ou dite participative.

Pour le symbole, l’association « Aux Cinéphiles de l’eau » fêtera ses dix ans en fin d’année, et y’a du matos qui a 10 ans lui aussi. Pour le projet du bateau-cinéma, on avait eu un peu de subventions publiques (en grosse partie le défi jeune) avec lesquelles on avait acheté pas mal de matériel. Pour Ciné SearCus, avec l’incertitude du projet à ses débuts et la complexité du collectif, on n’avait fait le choix de l’auto-financement. On sent l’envie aujourd’hui de faire un petit appel extérieur, pour relancer le spectacle, la suite, crédibiliser le projet et continuer à le faire vivre, tout un programme ! On vous en dira plus d’ici peu, on pense faire ça mi-septembre, après faut que l’on voit notre accès internet et tout et tout… ça nous a aussi posé questions, faire une demande de financement en plein voyage, mais c’est pas après qu’on le fera ! Et ça va nous motiver à trouver de belles contreparties que l’on pourra vendre par la suite à la fin de nos spectacles (tee-shirts, stickers…) et aussi à organiser une grosse fête de retour à la fin de l’été prochain. Affaire à suivre !

Projection au Marin

Voilà, c’était pas un message pour vous faire rêver sur les plages paradisiaques de la Martinique (même si on continue à les découvrir, tant il y en a et tant c’est beau) mais plutôt un petit topo de nos avancées sur notre projet.

Sinon, il s’est quand même passé autres choses pendant ce dernier mois. Avant de prendre la maison (le 12 juillet), on a joué notre premier spectacle en Martinique à la marina du Marin, la grosse usine à bateaux, le plus gros port de toutes les Antilles ! Mais l’équipe a été accueillante à l’égard de notre projet, on a été reçu gracieusement à la marina, ils ont participé à la communication, pris en charge notre repas après spectacle… C’était bien réglo ! On avait rencontré un petit réseau de gens autour du Marin, retrouvé quelques familles rencontrés au cours de notre voyage (notamment à Porto-Santo, escale mythique), et avec d’autres personnes venues grâce à la communication, y’avait un beau petit monde pour la projection.

Bon, le plus fou pour nous restera la fin de la projection. Une femme enceinte en fin de terme avait souhaité assister à la projection mais elle a senti le travail commencer… Partie entre temps en annexe avec son mari (ils étaient au mouillage) chercher ses affaires pour la maternité, elle revient pour la fin du spectacle et dit à sa copine qu’elle part pour l’hôpital. Peu de temps après, cette même copine arrive en criant : « Qui connaît un médecin, une infirmière ? ». Mais que se passe-t-il ? « Y’a une femme qui est en train d’accoucher sur le parking, les pompiers ne peuvent pas arriver avant 15min ! » Le parking était collé au hall où l’on jouait, en écrivant ça, j’ai encore des frissons partout car à 20 minutes près, elle accouchait en plein spectacle ! Je vous passe les détails mais c’est notre copine Katell qui est allée assister la future maman (dans le sens d’aider mais en même temps, elle a vécu un accouchement, alors qu’elle est kiné en pédiatrie, le truc de dingue !). Bref, on a vécu un sacré moment ! Pendant ces 15 petites mais incroyables minutes, Yann et Ju étaient partis ranger le matos au bateau, ils ont bien halluciné quand je suis arrivée pour leur raconter. Là, j’ai pu leur dire sans en rajouter : « vous allez jamais deviner ce qui est arrivé sur le parking !! ». ça nous fait une belle anecdote de fin de spectacle cette histoire ! En tout cas on a eu des nouvelles depuis, le bébé va bien, les parents aussi !

On a organisé une autre soirée sympa 2 jours plus tard, et dans un lieu plutôt original : le Galion « La Victoria », réplique du bateau de Magellan, construit par des Tchèques qui ont fait le tour du monde avec. Ce vieux gréement est posé dans un mouillage tout près du Marin (un abri anticyclonique, c’est d’ailleurs là qu’on a amarré Dominao dans la mangrove le temps de notre séjour à terre), il est aujourd’hui en attente de gros sous pour de grandes réparations. Le propriétaire actuel a laissé la gérance à deux collègues qui ont ouvert le bateau à la venue de différents bateaux-stoppeurs et autres voyageurs de tous poils. ça brasse du monde, ça squatte aussi, et parfois, ça rassemble ! Cette belle énergie nous a permis d’organiser une soirée-projections, sur le thème des projets culturels en voilier.

Dominao amarré à couple de « La Victoria » le temps de la soirée

La liste n’était pas exhaustive, mais on a pu découvrir ou redécouvrir les courts-métrages de Coline Godinot sur Festina Lente (ils sont actuellement en Bretagne, allez-y !!!!), avec aussi des films de leur précédent projet avec l’Armada. On a également visionné un petit reportage sur La Loupiote (tour du monde en voilier en famille avec un spectacle qui mélange cirque, danse et théâtre, nous, on les a loupé de peu aux Antilles, rhaaaa, mais vous, en France, vous pouvez les voir cet été) ; des films de Azart Ship of Fools (La Nef des fous) que l’on a rencontré à Douarnenez il y a 2 ans et qui sont actuellement posés à Amsterdam. On a aussi regardé le film sur la Dérive, projet radeau en bord de Loire en 2014, un autre sur le Pianocean, et aussi, on a projeté des films de Ciné SearCus (et du spectacle sur voilier « l’Utopiratée » en 2006). On n’avait pas eu le temps d’organiser cela longtemps à l’avance, on a fait avec les films qu’on avait mais ça serait une soirée à refaire. Donc si, entre temps, y’a des gens qui ont fait des films sur ce sujet, d’autres projets vécus ou à venir, on est preneur !

Depuis, nous découvrons la vie de sédentaire à Tartane. Quelle chance de devenir, le temps d’un été, résident en Martinique ! On découvre le réseau de potes de Katell et Ju (qui habitent depuis 6 ans à la Trinité, à 10 minutes de chez nous), créer du lien social en dehors du bateau, ça change et ça ressource ! Avec le package maison ils nous prêtaient aussi leur voiture, alors on se permet des escapades dans l’île le temps d’une soirée, d’une après-midi, d’un week-end…

La montagne pelée, volcan de la Martinique, son point culminant (1397m)

C’était une de nos envies de voyage de pouvoir se poser un temps à terre, quitter le bateau pour découvrir un autre mode de vie. Mais on se rendait bien compte que cela allait être difficile, trop grosse organisation et trop de dépenses envisagées… Alors vous vous imaginez bien l’aubaine pour nous ce plan maison ! On en a d’ailleurs fait profiter les copains de bateau en invitant ceux du voilier Moana et Ia Orana pour l’anniversaire de Clémence, grande copine de voyage de Noanne. On s’est fait un week-end dans la semaine, plage, apéro/barbecue (y’a carrément un bar dehors à l’entrée de la maison, tout est fait pour accueillir des gens et faire la fiesta !)… Nous voir sorti du contexte bateau, ça changeait et les enfants se sont éclatés, 10 enfants avec chambres, terrasse et jardin remplis de jeux, ils ont profité des uns et des autres, c’était beau à voir.

On a été à la fête patronale du Carbet ce week-end dans le nord ouest de l’île où l’on a rencontré une partie des gens de l’asso Lézard Ti Sho qui faisaient une représentation de jonglages de feu. Il nous ont également présenté un bar sympa sur la plage du Carbet, le Wahoo, et on est programmé le 12 août ! On a dormi là-bas dans une baraque en montagne et après un petit passage baignade à la rivière, nous avons été invité à manger avec l’équipe de la veille : avocat, poisson frais, fruit à pain et giraumon (citrouille pays)… Que du local à émoustiller les papilles ! Un bon dimanche entre potes, où l’on ressort crevé mais content (peut-être que Yann dira pas ça aujourd’hui en coupant du métal en plein cagnard…) !

Allez, il est grand temps que je m’arrête là, je pensais écrire un petit mot, je me suis un peu étalée… Mais c’est bon de partager, et de mettre des mots sur ce que l’on vit et ressent.

En espérant ne pas avoir été ennuyeuse ou trop brouillon, on vous souhaite une bonne continuation estivale.

A bientôt

Pauline, Yann, Noanne, et Titouan

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Une réponse à La sédentarité, le temps d’un été.

  1. Bob dit :

    Ben dites donc, même sans le mouvement des vagues, ça bouge dur dans les têtes, ça cogite, ça projette. mais vous avez quand même bien l’air de profiter du moment présent.
    en tout cas, c’est toujours aussi agréable de suivre votre périple.
    Bises à tous les 4.

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